5G : Martin Bouygues demande un report des enchères. Dans une tribune publiée dans le Figaro, le PDG du groupe Bouygues estime que la 5G n’est « pas la priorité du pays » dans ce contexte de crise sanitaire.

Au mois d’avril s’est terminée la première phase d’attribution des fréquences 5G.  Les quatre opérateurs (Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR) se sont engagés à respecter une série d’obligations prévues par l’ARCEP et ont déboursé chacun un montant de 350 millions d’euros pour obtenir un bloc de 50 MHz dans la bande 3,4 ‑ 3,8 GHz.

La deuxième phase de la procédure basée sur des enchères financières et permettant d’attribuer le reste des fréquences, à savoir 110 MHz (par blocs de 10 MHz) était initialement prévue pour le mois d’avril. Cependant, avec la crise sanitaire liée au COVID-19, l’ARCEP a indiqué celle-ci serait repoussée pour juillet ou septembre.

Dans une tribune publiée dans le Figaro, Martin Bouygues s’est exprimé sur cette phase des enchères et estime « souhaitable de reporter à la fin de 2020 ou au début de 2021 les enchères visant à l’attribution des fréquences 5G« . Il explique en effet que « la situation du pays, qui se relève avec difficulté d’un terrible cauchemar sanitaire humain et économique, commande de repousser de quelques mois supplémentaires l’attribution des fréquences 5G. J’appelle le gouvernement et le régulateur à tenir compte des éléments qui suivent pour prendre cette décision de bon sens ».

Le PDG tient en plus à rappeler que les smartphones grand public capables d’exploiter les performances de la 5G n’arriveront sur le marché que « très progressivement ». « Les usages potentiels véritablement innovants n’arriveront pas avant 2023 ou 2024 ». Ainsi, « repousser les enchères de quelques mois ne présente aucun risque de déclassement ou de retard pour l’économie française ». 

La prochaine génération de réseau mobile attire également beaucoup de « méfiance et de scepticisme ». Certains s’inquiètent de l’augmentation de la consommation énergétique, des émissions électromagnétiques et d’autres sont persuadés « sans aucun fondement scientifique, que la 5G serait dangereuse et […] aurait un rôle dans la diffusion du coronavirus ». Face à ces inquiétudes et aux dégradations d’antennes mobile qui se multiplient en Europe et notamment en France, « on peut prendre quelques mois pour expliquer et entendre, plutôt que passer en force » a déclaré le PDG du Groupe.

Martin Bouygues souhaite également un report pour laisser le temps n’analyser les conséquences économiques de cette crise. « Le monde économique d’aujourd’hui n’est plus du tout le même que celui qui prévalait début mars, lorsque les conditions de l’enchère ont été fixées ». En effet, avec l’incertitude économique les français ont épargné massivement et consomment encore moins qu’avant la crise. Ensuite, cette crise a démontré qu’une bonne connexion internet au domicile est vraiment primordiale. « Nos concitoyens qui ont souffert de l’absence de réseau pendant cette crise n’ont que faire de la 5G dans les grandes villes, ils veulent la 4G chez eux ! ».

Pour finir, il ajoute « les opérateurs télécoms, enfin : on dit qu’ils ont été relativement épargnés par la crise. C’est vrai. Mais peuvent-ils raisonnablement acheter des fréquences dont les prix de base ont été fixés au début de l’année en pleine euphorie économique alors que la croissance pour 2020 s’annonce à – 8 % et que la récession va sans doute durer ? ».

Suite à ces déclarations Sébastien Soriano, le Président de l’ARCEP a déclaré à l’AFP : « Par définition, tant que ce n’est pas fixé, c’est ouvert. Mais aujourd’hui les options principales c’est juillet ou septembre ». Ce dernier s’étonne de ne pas avoir reçu de demande de la part de Bouygues Télécom « et je ne dispose d’aucune note d’analyse ». Sur les inquiétudes relevées par M. Bouygues sur l’arrivée de la 5G, il ajoute « je partage qui est la nécessité d’une bonne appropriation de la 5G. Le 5G ne doit pas être vécue par nos concitoyens comme quelque chose de forcé, de poussé par un lobby contre l’intérêt des Français. L’Arcep veut faire en sorte que la 5G se développe comme un bien commun ».

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