roussat

 

La situation est noire :
 
"Notre objectif est d'économiser un milliard par an d'ici trois ans : c'est énorme, pour un chiffre d'affaires de 4 milliards d'euros (…) pour ce qui concerne Bouygues Telecom, aujourd'hui, nos résultats nous placent au quatrième rang (…) Nous sommes confrontés à un problème de taille critique. Pour faire face à nos coûts fixes, c'est-à-dire à l'extension du réseau, il nous faut plus de clients, d'où notre offre de rachat de SFR, qui a échoué. Les résultats en matière de 4G n'ont pas été à la hauteur de nos espérances (…)  nous avons décidé de nous organiser par nous-mêmes pour survivre avec moins de revenus, en réduisant sensiblement la taille de l'entreprise, ce qui aura donc des conséquences sur l'emploi, hélas.".
 
La charge est lourde et elle est bien signée Olivier Roussat le PDG de Bouygues Telecom et non de ses concurrents…Curieusement, lors de la présentation des résultats du T4 2013, le communiqué – plutôt optimiste – disait : " La structure financière du Groupe est très solide. La capacité d’autofinancement est quasiment stable par rapport à 2012 et s’élève à 2,7 milliards d’euros. Grâce à la maîtrise des investissements d’exploitation nets, en baisse de 188 millions d’euros par rapport à 2012, le cash-flow libre s’améliore de 97 millions d’euros et ressort à 821 millions d’euros en 2013. ".
 
Réorganisation stratégique :
 
Un plan de simplification va être présenté le 11 juin : "nous devons réduire de façon drastique nos dépenses. Un comité d'entreprise exceptionnel se réunira le 11 juin : nous annoncerons des réductions d'emplois, condition pour continuer à vivre dans un monde à quatre opérateurs (…) nous sommes exsangues". Il pourrait y avoir jusqu’à 2000 licenciements sur 9000 postes.  
 
Bouygues Télécom "travaillerait enfin à réduire les coûts de fonctionnement et notamment par le biais d’une simplification de sa grille d’offres qui compte actuellement six forfaits, qui se déclinent chacun en offre avec ou sans engagement, auxquels s’ajoutent les quatre tarifs de B & You dans le mobile, les offres pour la box et remises aux clients les plus fidèles." (Le Figaro, 12/05).
 
Pour rappel, Bouygues a déjà réalisé un plan d'économies de 400 millions en 2013  (20 Minutes, 05/2013) et a supprimé 542 emplois dans le cadre d'un plan de départs volontaires. Martin Bouygues avait annoncé (Le Figaro, 12/2013)  vouloir déclaré la guerre à Free !  
 
Les coupables :
 
Pour Olivier Roussat, le problème de fond pour Bouygues vient de Free Mobile. Les conditions d’accès ont été biaisées pour Free, et il fait même preuve de très mauvais goût en décrivant l’itinérance d’Orange comme un « cancer ». 
Il en veut aussi à l’ARCEP, que Bouygues Telecom vient d’attaquer devant le Conseil d’Etat. Suite à l’avis de l’Autorité De La Concurrence de mars 2013, Bouygues dénonce le manque de clarté de la sortie de l’itinérance 3G qui lie Orange et Free.   
 
Un rachat par Orange ?
 
La réponse est plutôt amère : "Les pouvoirs publics estimaient indispensable d'avoir quatre opérateurs fin 2011 et aujourd'hui il n'en faudrait plus que trois ? Quel est le sens de tout cela ? Si le but était de transférer l'argent d'un opérateur à un autre, c'est réussi, la fortune du patron de Free, Xavier Niel, est faite. Mais où est la logique ? (…) La presse a fait état de discussions avec Orange. Tout ce que je peux vous dire, c'est que, pour l'instant, elles sont très préliminaires. "
 
Difficile pour lui d’en dire plus, car le dossier est directement traité par Martin Bouygues. Pour lui, la priorité est d’avoir un Bouygues Telecom en état de marche : "Nous ne voulons dépendre de personne pour restaurer notre rentabilité et pouvoir réaliser les investissements dont nous avons besoin. ". De son coté, Orange est de plus en plus intéressé.
 
C’est dans le droit fil d'une interview (Le Figaro, 11/04) de Martin Bouygues qui déclarait : "Dans un marché à quatre opérateurs, nous savons que nous devons continuer à diminuer nos coûts et à innover fortement. Bouygues Telecom peut rester seul car il peut compter sur le groupe Bouygues, qui peut lui fournir des moyens importants pour gagner la rude bataille qui s'annonce."
 
Rachat par Orange, Free ou un autre opérateur ? Mutualisation plus poussée avec SFR/Numericable ? La réorganisation interne permettra-t-elle de faire franchir un nouveau pas à Bouygues Telecom ? 

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